Alors que la planète fait face à une urgence climatique sans précédent, la France entend jouer un rôle moteur dans la transition énergétique. L’un des leviers majeurs de cette transformation réside dans la décarbonation du secteur des transports. Responsable d’environ 30 % des émissions de gaz à effet de serre dans l’Hexagone.
C’est dans ce contexte que le gouvernement français s’est fixé : objectif 2030 : 2 millions de véhicules électriques.
Mais cette volonté politique peut-elle se traduire concrètement sur le terrain ? Quelles sont les conditions à réunir pour atteindre un tel cap ? Et surtout, cet objectif est-il réaliste ? Autant de questions qui méritent d’être explorées.
Un objectif dans la continuité des engagements climatiques
Avant tout, il convient de rappeler que cet objectif de 2 millions de véhicules électriques (VE) à produire en France ne sort pas de nulle part. Il s’inscrit dans une trajectoire plus large, portée par la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC). Ainsi que les engagements européens relatifs à la neutralité carbone d’ici 2050.
Pour respecter ces engagements, il est impératif de transformer en profondeur notre modèle de mobilité.
Par ailleurs, la loi Climat et Résilience, promulguée en 2021, impose l’arrêt de la vente de véhicules thermiques neufs dès 2035. Cette mesure oblige donc constructeurs et pouvoirs publics à accélérer la mutation vers l’électrique, tant en matière de production que d’infrastructures.
2 millions de véhicules électriques en 2030 : Une impulsion politique forte
Dès lors, les pouvoirs publics ont multiplié les initiatives pour soutenir cette ambition. Le président Emmanuel Macron a ainsi annoncé, lors du salon de l’automobile de Paris en octobre 2022, un plan d’investissement de plusieurs milliards d’euros. Visant à renforcer la production nationale de véhicules électriques et de batteries. Cette stratégie s’inscrit notamment dans le cadre du plan France 2030, qui prévoit un soutien massif à la réindustrialisation du pays.
De plus, pour encourager les ménages à s’équiper de véhicules moins polluants. Le gouvernement a prolongé et renforcé les dispositifs de soutien comme le bonus écologique, la prime à la conversion ou encore le leasing social. Ces aides visent à rendre l’électrique accessible à toutes les catégories de population, y compris les foyers modestes.
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Une filière industrielle en mutation
Toutefois, produire 2 millions de véhicules électriques en France d’ici 2030 implique une véritable transformation de l’appareil industriel. Actuellement, la majorité des véhicules électriques commercialisés en France sont encore assemblés à l’étranger. Notamment en Allemagne, en Chine ou aux États-Unis. Pour inverser cette tendance, plusieurs projets de “gigafactories” de batteries ont été lancés dans l’Hexagone.
Ainsi, dans le nord de la France, des entreprises comme ACC (Automotive Cells Company), Verkor ou encore Envision AESC ont prévu l’ouverture d’usines géantes destinées à produire des batteries à grande échelle. Ces infrastructures sont essentielles pour permettre une production locale de véhicules électriques compétitifs et réduire la dépendance aux importations asiatiques.
En parallèle, les grands constructeurs automobiles français, à l’image de Renault et Stellantis, ont également engagé d’importants chantiers de modernisation de leurs sites de production. Par exemple, Renault a transformé son usine de Douai pour en faire un hub dédié aux véhicules électriques. De son côté, Stellantis mise sur ses usines de Sochaux et de Mulhouse pour répondre à la demande croissante.
2 millions de véhicules électriques : Un défi technologique et logistique
Cependant, cette transition ne se limite pas à un simple changement de motorisation. Elle implique également des ruptures technologiques majeures. Les véhicules électriques reposent sur des composants spécifiques, notamment les batteries lithium-ion, dont la fabrication nécessite des ressources critiques comme le lithium, le cobalt ou le nickel.
Or, ces métaux sont aujourd’hui extraits principalement en dehors de l’Europe, ce qui pose des questions de souveraineté industrielle, de coûts et d’impact environnemental. Pour sécuriser ces approvisionnements, la France et l’Union européenne cherchent à diversifier leurs sources d’importation. Mais aussi à relancer l’exploitation minière sur le territoire européen. Une option qui suscite encore de nombreux débats.
En outre, la logistique de production de véhicules électriques suppose de revoir en profondeur la chaîne d’approvisionnement et de fabrication. Le poids important des batteries, leur volume et les normes de sécurité associées nécessitent de nouvelles infrastructures de transport, de stockage et d’assemblage.
Le rôle central de la formation et de l’emploi
Par ailleurs, une telle mutation industrielle nécessite une adaptation des compétences. Le passage à l’électrique transforme les métiers de l’automobile. Certains savoir-faire liés aux moteurs thermiques deviennent obsolètes, tandis que de nouveaux profils sont recherchés. Comme les ingénieurs en électromobilité, les techniciens en électronique, les spécialistes des batteries, etc.
Pour répondre à ces besoins, l’État a lancé plusieurs programmes de formation, en lien avec les régions, les branches professionnelles et les entreprises. Néanmoins, il faudra veiller à accompagner socialement cette transition, afin d’éviter que certains territoires ou salariés soient laissés pour compte.

L’enjeu des infrastructures de recharge
De surcroît, produire 2 millions de véhicules électriques en France suppose qu’ils puissent être utilisés facilement sur tout le territoire. Cela passe par le déploiement massif d’infrastructures de recharge, tant sur la voie publique que dans les zones privées (parkings d’immeubles, entreprises, centres commerciaux, etc.).
Sur ce point, la France a fait des progrès notables. Fin 2024, on comptait près de 120 000 points de recharge ouverts au public, contre environ 30 000 seulement en 2020. Toutefois, pour accompagner l’essor du parc de véhicules électriques, les projections estiment qu’il en faudra au moins 400 000 à 500 000 d’ici 2030.
En outre, la répartition géographique de ces bornes reste inégale. Les grandes agglomérations sont généralement bien couvertes, tandis que les zones rurales ou périurbaines accusent un retard. Il est donc impératif de garantir une couverture équitable du territoire afin de ne pas creuser les inégalités d’accès à la mobilité électrique.
Le défi de la compétitivité face aux géants mondiaux
Dans un contexte de mondialisation, la France devra aussi faire face à une concurrence féroce sur le marché du véhicule électrique. Des acteurs comme Tesla, BYD ou encore Hyundai-Kia occupent déjà une place importante dans les ventes européennes. Ces entreprises disposent d’une avance technologique et logistique qui peut compliquer la montée en puissance de l’industrie française.
Pour rester compétitive, la filière nationale devra miser sur l’innovation, la qualité et la maîtrise des coûts. Cela passe notamment par le développement de plateformes modulaires, la mutualisation des composants. Mais aussi l’investissement dans la recherche et le développement sur les batteries solides ou les systèmes de recharge ultra-rapide.
Une dynamique européenne à consolider
Il est important de noter que la France n’est pas seule dans cette course à l’électrification. D’autres pays européens, comme l’Allemagne, l’Italie ou l’Espagne, ont également lancé des plans de relance industriels autour du véhicule électrique. L’Union européenne a, par ailleurs, renforcé ses exigences environnementales, notamment via le règlement « Fit for 55 », qui fixe des objectifs stricts en matière d’émissions de CO₂ pour les constructeurs.
Dans ce cadre, une coordination européenne est indispensable pour éviter une guerre des subventions entre États membres et garantir une cohérence des politiques industrielles. Des initiatives communes, telles que les alliances européennes pour les batteries ou pour la mobilité propre, visent justement à mutualiser les efforts et renforcer la souveraineté industrielle du continent.
2 millions de véhicules électriques en 2030 : Un pari ambitieux, mais nécessaire
En définitive, l’objectif de produire 2 millions de véhicules électriques en France d’ici 2030 est à la fois ambitieux et indispensable. Il traduit une volonté politique forte de répondre aux défis climatiques tout en redonnant un élan à l’industrie nationale. Cependant, pour que cet objectif ne reste pas lettre morte, il faudra lever de nombreux obstacles. Comme, la disponibilité des ressources, la transformation des sites de production, la formation des salariés, le développement des bornes de recharge, l’acceptabilité sociale, etc.
De plus, cette transition devra s’accompagner d’une réflexion plus large sur notre modèle de mobilité. L’électrification ne saurait être la seule réponse. Il faudra aussi repenser les usages, favoriser les mobilités partagées, renforcer les transports en commun et promouvoir la sobriété énergétique.
Pour conclure…
Objectif 2030 : 2 millions de véhicules électriques en France
À l’horizon 2030, la France se donne une mission claire : produire 2 millions de véhicules électriques sur son sol. Si les défis sont considérables, les opportunités le sont tout autant. Ce pari pourrait non seulement réduire l’empreinte carbone du pays, mais aussi relancer son industrie automobile. Ou encore créer des emplois et renforcer sa souveraineté énergétique. À condition, bien sûr, de conjuguer vision, cohérence et détermination.